Un peu de liberté...

J'étais une enfant, inconsciente et confiante en cet avenir que je pensais voir naître. J'étais une enfant et je suis devenue, en une fraction de seconde, femme.

Je pensais que cela se passerait comme l'éclosion d'une fleur: l'épanouissement en couleur et tout en douceur d'un être merveilleux... En fait, cela s'est passé dans le sang et la douleur, la douleur et les larmes, les larmes et le vide. En une seconde, je suis devenue plaie.

Fini l'insouciance, place à la peur : peur d'être aimée, peur d'être touchée, peur de souffrir à nouveau. En une seconde, je me suis perdue, perdu ma confiance, perdu mon assurance, perdu toi que je n'ai pas connu.

Je pensais plonger dans ce gouffre, n'en jamais ressortir malgré son amour, malgré sa patience, malgré tout. Silence en moi, terre stérile, océan de larmes.

Et puis il y a eu ce renouveau, cet inattendu, ce petit bourgeon sur cette fleur fanée.

Peurs toujours, doutes, j'appréhende. Premier cap passé, je jure que j'irai au bout.

Et puis encore les larmes, les mauvaises nouvelles se suivent et vous anéantissent. Jusqu'au bout mon corps se bat, une lutte de chaque minute.

Enfin, le temps vient, jusqu'au bout ?, non mais presque. Appréhension mais en même temps sûre de soi, et quand enfin après les douleurs et la lutte on crie victoire, le corps brisé mais les plaies refermées.

Il m'a fallut une seconde pour disparaître, il me fallut neuf mois pour réapparaître.

Il me fallut connaître la douleur de la perte pour enfin connaître la joie d'être mère.

(Moira, à mon fils)